Érysipèle

Érysipèle

Anatomie

La peau est composée de deux parties distinctes:

  • L’épiderme, en surface : c’est la principale structure protectrice du corps contre les agressions extérieures.
  • Le derme, plus profond, confère à la peau sa flexibilité et sa résistance : il est composé de tissu conjonctif, de vaisseaux sanguins et de récepteurs sensoriels.

Le tissu situé sous la peau, appelé hypoderme, est constitué de tissu adipeux et relie la peau aux structures sous-jacentes (muscles).

L’érysipèle touche le derme et l’hypoderme: c’est donc une infection profonde de la peau. 


Qu’est ce que l’érysipèle ?

L’érysipèle, aussi appelé «dermo-hypodermite aiguë non nécrosante», est une infection cutanée touchant le derme et l’hypoderme, aiguë, d’origine bactérienne. Le germe le plus souvent incriminé est le streptocoque bêta-hémolytique du groupe A.

C’est une pathologie fréquente de l’adulte de plus de 40 ans. Il existe des facteurs de risque d’érysipèle:

  • Obésité (+++) 
  • Insuffisance veineuse (varices)
  • Lymphoedème chronique. 

Qu’est ce que je ressens ?

L’érysipèle se manifeste par:

  • l’apparition d’un placard cutané rouge et inflammatoire (œdémateux, douloureux et chaud) sur une partie localisée de la peau, délimité par un bourrelet périphérique. Le plus souvent il concerne les membres inférieurs (90%) ou la face (5%).
  • une fièvre élevée : 39-40°C 
  • des frissons
  • des ganglions dans le site qui draine le territoire concerné. 

On recherche systématiquement une porte d’entrée de la bactérie dans la peau: mycose interorteils, plaie, ulcère de jambe, et toutes les effractions de la peau.

On recherche aussi systématiquement des signes de gravité de l’infection:

  • Localement: diminution de la sensibilité au niveau du membre atteint, nécrose et les signes évoquant la présence d’un germe «anaérobie», c’est-à-dire un germe pouvant donner une gangrène.
  • Sur le plan général: signes de septicémie. 

Quels examens ?

Le diagnostic d’érysipèle est un diagnostic clinique. Aucun examen complémentaire n’est nécessaire dans la grande majorité des cas. En cas de critères de gravité, certains examens sont demandés:

  • Une prise de sang afin:
    • d’évaluer l’importance du syndrome inflammatoire biologique
    • de rechercher des comorbidités c’est-à-dire des maladies chroniques associées pouvant soit aggraver l’évolution de l’érysipèle soit être déséquilibrées par l’érysipèle (telles qu’un diabète par exemple).
  • Des hémocultures à la recherche d’une septicémie (passage de la bactérie de la peau vers le sang) et pour mettre en évidence le germe responsable et faire son antibiogramme afin de vérifier qu’il est bien sensible à l’antibiothérapie entreprise.
  • En cas de doute diagnostic et afin d’éliminer certains diagnostics différentiels, le médecin pourra faire réaliser:
    • Un écho-doppler des membres inférieurs à la recherche d’une phlébite
    • Une radiographie des parties molles en cas de doute sur une infection à germes anaérobies pouvant évoluer vers la gangrène et la nécrose.

Quels traitements ?

Le traitement repose sur une antibiothérapie probabiliste (c’est-à-dire ciblée sur les germes les plus souvent impliqués dans l’érysipèle donc ciblée sur le streptocoque bêta-hémolytique du groupe A) par voie administration intraveineuse ou par la voie administration per os:

  • Le traitement de la porte d’entrée de l’infection: généralement traitement d’une mycose interorteils par antimycosiques.
  • Les antalgiques pour lutter contre la douleur.
  • Le repos pendant quelques jours.
  • Les bain de pieds au savon doux et éventuellement les soins de plaies.

Une hospitalisation pourra être envisagée dans certains cas:

  • Absence d’amélioration au bout de 72h de traitement
  • Existence d’une comorbidité (par exemple: le diabète)
  • Un contexte social n’assurant pas l’observance optimale du traitement et du suivi
  • Des signes généraux sévères (début de septicémie voire de choc septique).

Quelle prévention ?

La prévention consiste essentiellement à:

  • Lutter contre les facteurs de risque: lutte contre l’obésité, traitement de l’insuffisance veineuse.
  • Lutter contre les portes d’entrées cutanées des germes pathogènes: désinfection des plaies et de toute effraction cutanée, traitement des mycoses des pieds, etc..

Quelle évolution ?

L’évolution est généralement favorable en 8 à 10 jours sous traitement antibiotique bien conduit avec régression de la fièvre dans les 72 heures. La disparition complète des signes locaux prend plutôt quelques jours.

Non traité, un érysipèle peut parfois régresser spontanément en 2 à 3 semaines mais il peut aussi se compliquer de/d':

  • Un abcès localisé nécessitant un drainage chirurgical
  • La décompensation d’une comorbidité associée (exemple: décompensation d’un diabète)
  • Complications systémiques de type septicémie voire sepsis (rare).
Services associés