Chaque année, le 28 juillet, se tient la Journée mondiale contre l'hépatite, coordonnée par la World Hepatitis Alliance. À travers le thème principal « Trouver les millions manquants, avez-vous été dépistés ? », cette journée vise à sensibiliser la population aux risques des hépatites virales, à la prévention des infections et la lutte contre cette maladie.
En effet, au niveau mondial, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) estime que 230 millions de personnes vivent avec une hépatite B sans le savoir et 58 millions vivent avec une hépatite C et l’ignorent.
L’hépatite C est considérée comme l’infection la plus dangereuse. On estime que 0,7% des résidents au Luxembourg sont touchés.
L’hépatite B et C sont des infections transmissibles causées par les virus de l’hépatite B (VHB) et VHC (hépatite C). L’hépatite B se transmet par relations sexuelles non protégées, par contact avec du sang infecté, de la mère à l’enfant et dans certains cas par la salive. L’hépatite C se transmet par le sang et la plupart des infections se font suite à un contact plaie ouverte et faibles quantités de sang.
L'hépatite C est caractérisée par une inflammation du foie. Le VHC peut causer une hépatite aiguë ou chronique. Ainsi, la maladie peut se manifester par des symptômes bénins qui durent quelques semaines, mais également devenir plus sévère et chronique. Si elle n'est pas diagnostiquée suffisamment tôt et traitée de façon adéquate, elle risque d’évoluer en cirrhose chronique ou en cancer du foie. Il existe un vaccin contre les hépatites A et B, mais pas encore contre l'hépatite C.
Comme les hépatites évoluent souvent à bas bruit, le ministère de la Santé rappelle l’importance de la prévention et du dépistage. Dépister tôt, permet de traiter tôt!
Action de sensibilisation ciblée
À l’occasion de la Journée mondiale contre l’hépatite et afin de cibler au mieux la population la plus vulnérable à l’hépatite C, à savoir les usagers de drogues, une action de sensibilisation aura lieu à la salle de consommation supervisée de drogues « Abrigado » avec le soutien de la direction et du personnel de la structure psycho-médico-sociale. Des membres du personnel du LIH, du CHL et du service HIV Berodung de la Croix-Rouge luxembourgeoise seront présents pour informer et sensibiliser les usagers de drogues sur les situations à risque de transmission de l’hépatite C, ainsi que pour offrir un test de dépistage rapide de l’hépatite C grâce à la présence du DIMPS (Mobile HIV Testing)).
Au cours des dernières années, le pays a déployé des efforts considérables pour réduire les cas de maladie au sein de cette population. Dans ce cadre, une étude pilote a été conduite avec des usagers de drogue sur plusieurs sites. Cette étude, qui sera poursuivie et étendue, a été sélectionnée en tant qu’exemple de bonne pratique en Europe pour le dépistage et la prise en charge de l’hépatite C.
Dépistage et prise en charge de l'hépatite C chez les usagers de drogues au Luxembourg : un modèle de bonne pratique en Europe
L'Observatoire Européen des Drogues et des Toxicomanies (OEDT), qui publie régulièrement des rapports sur les maladies infectieuses en Europe liées à la consommation de drogues, a sélectionné des approches novatrices de différents pays afin de les présenter comme des modèles de bonne pratique. Ce sont des projets permettant d’améliorer le dépistage du VHC et les soins chez les usagers de drogues.
Parmi ceux-ci figure le projet luxembourgeois HCV-UD, développé conjointement par la Infectious Diseases Research Unit du Department of Infection and Immunity du LIH et le Service national des maladies infectieuses du CHL. Le projet consiste à rapprocher le dépistage et le traitement du VHC des clients des centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques afin de diminuer la prévalence et la transmission du VHC et d'améliorer le suivi du traitement.
L'étude pilote d'intervention a été menée de 2015 à 2018 dans trois centres d’accueil et d’accompagnement à la réduction des risques et dans la salle de consommation de drogues surveillée Abrigado. Sur les 368 usagers de drogue qui ont participé dans l’étude, 48 ont reçu un traitement antiviral à action directe. Au total, 55 ont été suivis pour leur infection au VHC. « L'étude démontre la faisabilité et l'acceptabilité des tests de dépistage du VHC mis en place dans les centres d’accueil et d’accompagnement de réduction des risques chez les usagers de drogue, y compris le dépistage proactif de cette population », explique le Dr Carole Devaux, responsable de la Infectious Diseases Research Unit au LIH et présidente du Comité de surveillance du SIDA, des hépatites infectieuses et des maladies sexuellement transmissibles.
Fort de son succès, le projet a été étendu aux organisations de prise en charge des sans-abri, aux cabinets médicaux prescrivant des traitements de substitution et à une deuxième salle de consommation supervisée de drogues à Esch-sur-Alzette « Contact Esch » qui sera officiellement inaugurée le 25 juillet 2019.
Formuler des recommandations
L'étude pilote a été très utile dans le contexte national. « Les résultats de notre étude rentreront également dans le nouveau plan d’action drogues 2020-2025 », déclare le Dr Devaux. Sous la direction de l'OEDT et de son point focal luxembourgeois à la Direction de la santé, une table ronde a été organisée en janvier 2019 avec 21 acteurs clés afin de dégager un consensus sur les principales barrières au dépistage du VHC et à l'accès aux soins des personnes injectant des drogues. La table ronde a rassemblé, entre autres, des experts de différents organismes de traitement, de la salle de consommation de drogue et du Service national des maladies infectieuses. Un rapport résultant de la table ronde est actuellement en préparation, indiquant les solutions principales et les recommandations pour le dépistage du VHC et l'accès au traitement. Le rapport sera diffusé auprès des parties prenantes tant au niveau système (politique) qu’au niveau prestataire (professionnels du terrain).
Communiqué par le ministère de la Santé, la HIV Berodung de la Croix-Rouge luxembourgeoise, le Luxembourg Institute of Health (LIH) et le Centre Hospitalier de Luxembourg (CHL)